Un long-métrage muet est projeté dans la salle du bas. Douze personnages silencieux et immobiles vous regardent. Leur présence est guidée par le script d’un des premiers films parlants de Mizoguchi, Les sœurs de Gion (1936) mais leur inaction ouvre d’autres possibilités d’interprétations.
Une voix, venue d’un autre lieu que celui du film, incarne et commente les personnages. Elle donne une nouvelle histoire au film. Cette voix se fait entendre depuis l’étage supérieur. Dans la salle du haut, une autre projection montre le visage de la voix. C’est la benshi Midori Sawato, célèbre pour ses commentaires live de films muets japonais. Ici, et pour la première fois, Midori invente en direct l’histoire du film ; en opposition à la tradition benshi, où le scénario dicte toujours l’interprétation. D’une salle à l’autre, de bas en haut, de haut en bas, dans l’escalier ou dans le hall, la voix, partout présente, fabrique l’expérience préhistorique.

Christelle Lheureux

Plan de l'exposition