Le Vent des Ombres
Note d’intention (septembre 2012)

 

 

 

 

 

Je souhaite faire un film drôle et mélancolique, où chacun fera l’expérience du deuil d’un amour (Léna), du deuil de la vie (Tim) et des limites fragiles entre le réel et l’imaginaire. L’idée qui domine et parcourt l’ensemble du récit nait d’une confrontation entre Léna, l’héroïne du film, et les autres personnages. Léna explore les frontières entre le passé et le présent en questionnant son rapport au temps, à sa mémoire et à ce que pourrait bien vouloir dire pour elle, être présente au monde, ici et maintenant. Ce film parle de la mort, mais surtout de la vie, car je crois qu’il est impossible de penser la vie sans l’accompagner d’une réflexion sur la mort.

 

Le film est construit sous forme de blocs de temps - dont la colonne vertébrale serait cette maison qu’il faut vider - juxtaposés les uns aux autres, où le spectateur perçoit des fragments de la vie des personnages et construit son récit. Ces instants atmosphériques, associés les uns aux autres ordonnent le récit et jouent avec la mémoire. Celle des personnages, mais aussi la notre.

C’est un film où les présences irréelles côtoient les présences réelles et documentaires. Un film grave et léger, où se jouent différents rapports à la croyance, la magie et la capacité que le cinéma a de les représenter.

 

Dans Le Camion, Duras dit que « tout est dans tout, tout le temps. C’est une fausse idée de séparer le passé du présent, et du futur ». Chez Jon Fosse, « le présent est une sorte de couloir où le passé et le futur s’échangent ». C’est une vision que je partage. Le Vent de Ombres tente de faire l’expérience de ce couloir, à travers notamment la grotte marine, mais pas uniquement. Léna traverse et questionne constamment ce couloir où le présent se confond avec le passé et le futur. Nous faisons avec elle l’expérience singulière de la juxtaposition des temps, dans une sorte de dérèglement de perception ; à l’image du fonctionnement de notre pensée. Tout est dans tout. Ici, la vie, les souvenirs de la vie et la vie après la vie avancent ensemble. Tous les temps sont conjugués au présent, tout comme la mort appartient à notre vivant, sinon, nous ne pourrions pas l’appréhender.

 

Le pouvoir spectral du cinéma est idéal pour aborder ces questions car c’est le support de la réactivation du passé et de notre mémoire.

 

 

 

 

 

Retour

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.